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Traversée de Port Navalo à Locmariaquer au Km 96
Parfois, avant de se lancer dans une marche, une course, ici le plus long trail de France,
on nous demande le pourquoi de notre participation. Pour beaucoup nous sommes les conquérants de l’inutile, mais je suis fier de faire partie de la grande famille des marcheurs dits "fêlés". Comme tous les participants à ce challenge mes camarades et moi on veut aller au bout. Partir de Vannes, pour revenir à Vannes et faire la traversée en zodiac.
C'est une très belle aventure pour ceux qui osent.
C'est une très belle aventure pour ceux qui osent.
Vendredi dix neuf heures, après la fièvre des préparatifs (je prends ceci… Je prends cela… choix difficile, que dis-je, choix cornélien ! Va t’il pleuvoir ? Va-t-il faire frais ?), c’est avec enthousiasme que nous franchissons la ligne de départ du Grand Raid du Morbihan !
Je porte 5 kg sur le dos. Notre sac doit contenir des choses obligatoires : boîte de pharmacie, couverture de survie, sifflet, tout l'attirail de sécurité et d'éclairage, de la nourriture, des barres, 2 litres d'eau et des vêtements pour la nuit.
Nous aurons un autre sac dans 98 km au gymnase de Locmariaquer où nous pourrons prendre une douche et changer de linge.
Jean-Claude, mon camarade, a construit un tableau de marche, avec des temps de pause. Nous avions prévu de marcher à 6 km/h. Nous avons respecté ce planning pendant les 100 premiers kilomètres. Ensuite, la chaleur, la fatigue, les ampoules ne nous ont pas permis de tenir ce plan.
Je ne vous raconte pas notre périple ni les petites misères qui vont avec. C’est vrai que nous sommes dans le plus beau golfe de France, mais quand on le fait au plus près de la mer, au bout d'un certain nombre de km, les bateaux, les plages, "les belles filles" ouais.. ouais, on y prête de moins en moins attention ! Je regarde plus souvent mes godasses que toutes autres beautés. La nuit, le cheminement devient encore plus traître. Les racines, les cailloux, les branches, le balisage qu'il ne faut pas louper, demandent une concentration de tous les instants. Les kilomètres et cette grande vigilance, nous vident. Notre lucidité n'est plus la même.


Anne est de plus en plus faible, des larmes de découragement fleurissent sur son visage. Guy la booste de sa voix, les pauses se font de plus en plus nombreuses. A Saint Goustans, le ravitaillement est en plein soleil dans un endroit étroit. C’est une très mauvaise idée car il n’y a pas de place pour s'allonger par terre. Nous nous restaurons et décidons de chercher un coin ombragé pour dormir un quart d’heure. Après cette petite pause, nous faisons des étirements et repartons vaillamment. Anne et Guy décrochent. Je me retrouve seul. Les concurrents du 86 km me double, c'est "ch….t" pour tous. Je rejoins Dédé Le Beuz, le vétéran 80 ans, à 10 km de Lamor Baden. Il a des difficultés avec sa lampe. Il ne sait pas s’en servir et ne veut pas l'allumer.
Je le guide de ma frontale et nous arrivons au contrôle. Là, il est soulagé car il rejoint tout son groupe de Rosporden. Nous sommes au 140ème km, il est 23 heures samedi.
Petites alertes
pour moi : petit vertige, sueur, pas d’appétit et la perspective d'une seconde nuit à marcher me décourage. Je rends trop vite mon dossard car une heure plus tard tout était OK. Anne a abandonné et a fini en pleurs, très fatiguée et surtout très déçue.
Au 130ème km, elle a été emmenée à l'infirmerie de Vannes pour y finir sa nuit. Guy a continué et a fini les 37 derniers km relativement frais. Il est arrivé dimanche à 9 heures.
Dédé a terminé son périple en 38 h sous les ovations du public. Il est fort ce Dédé : 3 semaines auparavant il faisait le 200 km de Lommel en Belgique !
Je ne suis ni déçu, ni amer… Seulement des regrets !
Ma préparation était bonne mais la sagesse a prévalue !
Récit du dossard 294